Art,  New York

éclairez-moi !

IMG_5127«QUOI ? Tu n’as pas encore vu James Turrell au Guggenheim, je ne le crois pas. Pas toi ! pas toi au courant de tout, dépêche-toi elle se termine dimanche.» La question exsudant la compassion provient d’une papesse new yorkaise de l’art contemporain.Je me sens soudain bien peu de chose. Comment puis-je encore respirer avec cette lacune sur la conscience ?

Donc malgré un temps d’été et un Central Park qui dans ces cas-là vous tend les bras, j’ai affronté sans broncher (difficile!) et sans gruger (encore plus difficile!) une file d’attente de près de 40 minutes pour aller voir THE «exhibition» du moment.

Ma patience s’avère récompensée par le happening spectaculaire de l’atrium qui, dans sa spirale de lumières évolutives apporte incontestablement une première impression positive. Cet émerveillement augure un florilège artistique me dis-je, la papesse confirme son titre. Pour mieux apprécier l’œuvre de ce maître qui nous en fait voir de toutes les couleurs, et peut-être aussi pour éviter tout procés liés au torticolis inévitable qu’une tête penchée trop longtemps vers l’arrière provoquerait, un matelas géant a été installé à même le sol permettant d’accueillir une trentaine de visiteurs allongés sur le dos. Là, dans un silence pénétré, comme si la comète de Halley allait repasser, nos yeux avalent la lumière et nous plongent dans un recueillement hypnotique (céleste ajoutera la papesse). Après 10 minutes de cette méditation toute en lumière, nous laissons notre place sur le tapis à ceux qui attendent, et nous continuons la visite du reste de l’expo.

A l’étage, encore une longue file d’attente ! je n’en peux plus d’attendre, ai-je autant de temps que ça pour le passer à attendre ? Les américains sont les rois de la file d’attente, dans certains restaurants au moment des heures de pointe (samedi soir 21H Meatpacking par exemple) c’est sans aucune émotion dans la voix qu’on vous annonce une attente de «1 hour an a half» et là la nana de l’accueil attend votre réponse. Pour revenir au Guggeheim un panneau nous indique qu’à partir de ce stade nous en avons pour seulement 45 minutes.  Pour ne pas décevoir la Papesse de l’Art Contemporain avec laquelle je déjeune le lendemain et qui va me demander mes impressions sur THE exhibition, nous prenons place derrière 300 personnes motivées. S’ils attendent, c’est que c’est bien non . Et bien vous n’allez pas le croire mais au bout de cette longue file d’attente il n’y avait … RIEN, rien de chez rien. Juste une salle plongée dans la pénombre ne dévoilant qu’un rectangle gris, mollement éclairé par 2 appliques latérales. et même pas de tapis géant au sol pour s’effondrer en larmes, terrassée par l’incompréhension d’avoir attendu autant de temps pour rien. Nous restons 10 minutes devant le Rien, espérant qu’un feu d’artifice va démarrer, qu’un cheval blanc va sortir du rectangle gris, qu’un soleil va se lever, qu’une caméra cachée va prendre en photo notre expression ahurie, et bien non toujours rien, juste une guide qui explique ce qu’il faut savoir et que nous ne comprenons pas. On se mord les lèvres, le fou rire l’emporte. Les photos sont interdites mais quitte à partir avec plumes et goudron autant immortaliser cet instant tragi-comique.

James Turrell, un artiste qui appelle dans le même temps une longue patience, une séance méditative et une franche rigolade.

 

Happy Quinqua, c'est moi !

6 Comments

  • Muse

    Ca n’existe pas les Papesses, et les papes non plus d’ailleurs, au pire des Anesses ou des Anes suivis par des moutons, sauf certains emportés par le fou rire.

  • POTIER Jean-Yves

    Bien fait Mylène ! Tu n’ avais qu’a me demander, je t’aurai transmis les photos, et pendant ce temps-là tu aurai pu déguster …une glace chez Grom.

  • matchingpoints

    L’art contemporain nous réserve souvent des surprises, parfois l’on n’arrive même pas à sourire, parce que l’impression de foutage de figure domine.

    • M.

      Non le foutage de gueule est toléré dans l’art contemporain, il est même souhaité parfois, mais c’est l’attente surprise qui m’a été difficile, pendant ce temps j’aurais pu faire un tour de réservoir, lire quelques pages de La recherche (je me suis jurée de le finir avant la fin de l’année!), faire une mani/pedi, …

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