Art,  New York

Encore de l’art !

Ma spécialité récente étant de rencontrer des inconnus dans les avions (cf ma-soiree-au-met-museum), nous voilà à Chelsea par la grâce d’Edward, le voisin du hublot, qui nous propose d’écluser ensemble les openings de cette fin de semaine. D’Edward nous ne saurons pas grand chose malgré nos questions pour comprendre deux ou trois choses de lui. A t-il une activité professionnelle digne de ce nom? Il fait beaucoup d’efforts pour garder son mystère me semble-t-il, un poil trop, mais après tout, quelle importance. Sa voiture est curieuse, l’arrière est comme un vide ordure, la marque et la couleur sont indéfinies, il assume. Edward ne tient pas à séduire par sa voiture.

“Lors d’un vernissage, à quoi reconnaît-on que c’est l’artiste qui s’offre son expo et non la galerie qui expose l’artiste ?” demande Edward, l’œil coquin. J’adore ce genre de question, je sens que ça va balancer. “Et bien quand il y a du vin et des cacahouètes, c’est l’artiste qui paye, il veut mettre sur son CV : “exposé à Chelsea en….” Et quand il n’y a rien à boire, c’est la galerie qui invite. Voilà comment survivent la plupart des 500 galeries de ce carré quasi parfait que forment les 10 th/11 th avenue et les 23 et 25 st.IMG_4547

Nous faisons le tour des galeries en traversant les salles au pas de course, un peu amusés tellement l’art c’est parfois n’importe quoi. “Est-ce en travaux? Est-ce l’œuvre? Est-ce la poubelle? Vaguement blasés, flanqués de notre petit sourire frenchy, nous pénétrons dans une galerie blanche et sobre comme elles le sont toutes, mais celle-ci abrite en ses murs les œuvres magistrales d’un certain Adrian Gheni. Au fur et à mesure que nous avançons je sens ma machoire inférieure qui subit violemment la loi de la pesanteur et s’affaisse misérablement dans sa verticalité. IMG_4546Il va falloir gérer le coup de foudre pour ces immenses compositions picturales, ce sera la folie ou la frustration, un grand classique. il y a de la force, de la densité, du style, du talent… Bref, le genre de tableaux pour lequel je peux me damner. Alors que je suis saisie d’une envie soudaine de casser ma tire-lire, je me rappelle que je n’habite pas vraiment à New York, et qu’il serait compliqué de ramener ce truc en France. Mais l’hystérie me gagne un court instant, le temps me précipiter pour demander le prix, histoire de me calmer. La créature longiligne insupportable de beauté m’annonce comme une évidence que tout est vendu.

– “Oh NON, dommage ! et pour information combien coûtait celui-ci ?” :

– “100 000 dollars”

– “Ah oui en effet, trop dommage”

Edward se marre et garantit le fun en tendant son joker qui se présente sous la forme d’une invitation pour quelque chose d’un peu différent, vaguement alternatif, qui devrait  nous amuser. “Are you in ?” “tu parles si on est in !” Nous embarquons dans la poubelle/voiture et c’est pied au plancher qu’Edward quitte Manhattan, passe le pont de Williamsburg, traverse entièrement Brooklyn, pour atterrir 20 minutes plus tard au beau milieu de “wharehouses” faussement désafectées. Nous sommes là à Bushwick chez les artsy hispters : barbe, bière, bio, chemise à carreaux, doudoune sans manche, velours mille raies. Des graffitis plein les murs éclairés par une lumière poussive qui apporte une drôle d’ambiance à mi-chemin entre l’après-guerre et l’après catastrophe naturelle. Edward, rigolard, nous pose 3 fois la question : “So what do you prefer, Chelsea or here ?” “Here Edward” dis-je pour lui faire plaisir.

L’expo des photos de Rafael FUCHS s’appelle “Everything Must Go”, qu’on se le dise. C’est bien. Il y a de l’esprit dans la mise en scène, et de l’audace dans la couleur, nul doute Rafaël sait de quoi il parle /. IMG_4567Jackie Chang s’expose grandeur nature, allongé genre “la maja vestida”, et Colin Powell est portraitisé en contre plongé. Edward achète une photo (700 dollars), nous faisons semblant de boire ce qui me semble être un très mauvais vin, (dans un gobelet en plastic en plus, quelle horreur, de mon point de vue, même un Fitou chaptalisé mérite un verre à pied non ?). Soudain arrivent un albinos hermaphrodite black et une femme noire nue au corps peint en noir, en gros un blanc sur noir et une noire sur noir, le tout avec des seins. Ils posent sur fond blanc et noir. C’est une performance que tout le monde immortalisent, clic clac…Ils seront demain sur le facebook de 30 personnes.IMG_4570

Nous parlons en français tout le reste de la soirée du fait de nos rencontres. Des hipsters, trentenaires, artistes et… français.

Vaine tentative pour aller grignoter un morceau dans ce no man’s land où la pizzeria Roberta’s est considérée comme le nec plus ultra de la gastronomie et de la branchitude; Des gens jeunes et beaux attendent pour s’asseoir. On nous dit sans rire qu’il y a 2 heures d’attente, qu’il faut s’inscrire sur la liste d’attente : “What’s your name ?”

Euh, non, c’est bon, merci, à bientôt, on reviendra.

Happy Quinqua, c'est moi !

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