Attitude,  Voyages

Happy Kippa !

IMG_1862On ne s’aventure pas à Tel Aviv comme ça, la ville n’est pas suffisamment touristique pour être vraiment attrayante et le contexte géo politique ne fait pas rêver. Non il faut une raison,

une vraie, pas forcément bonne, un prétexte fera l’affaire, mais si vous la tenez (votre raison) qu’elle prenne la forme d’une quelconque célébration ou juste l’envie de cocher la case manquante de votre To DoTrip, ma reco c’est «Allez-y» !

La vérité de ma raison à moi, si je mens pas, c’est Le Doux. Nous formons à nos heures une sorte de couple mixte, moi catholique de province accordant à la religion plus d’importance qu’elle n’en a en réalité, lui, juif ashkénaze luttant au contraire pour lui donner le moins d’impact possible sur son existence, alors que, pour qui le connaît un peu, et ne lui déplaise, Le Doux vit quand même avec une kippa virtuelle incrustée sur le crâne …. (Le Doux me regarde l’air affligé en tapotant de l’index la zone qui se trouve entre la tempe et sa kippa virtuelle). C’est donc lui qui m’entraîne en Israël pour la deuxième fois en six mois, cette fois c’est à l’occasion d’une Bat-Mitsva.

La fête se passe à Jérusalem mais nous faisons de Tel Aviv notre première étape. Si les élections sont le principal sujet de conversation dans tout le pays, les deux villes ne vivent pas au même rythme. L’air n’est pas chargé des mêmes particules, ni des mêmes signifiants. Par exemple la barbe longue et en friche fera de vous un hipster à Tel Aviv et un ultra religieux à Jérusalem. De même quand un homme porte un chapeau à Tel Aviv, c’est celui de Pharrell Williams, mais qui porte le même chapeau à Jérusalem ne connaît pas forcément «Happy» (et encore moins Happy Q).

Autant Tel Aviv transpire l’énergie simili new yorkaise d’une jeunesse tatouée qui s’alcoolise gentiment jusque tard dans la nuit vendredi soir compris, autant Jérusalem exsude la solidité d’une religion tutrice communautaire, porteuse de joie, de foi, de sens et d’un tas d’autres choses dont la plupart remplissent l’agenda de ses habitants sous forme de bombances réitérées.

En effet, au delà des bats, des bars et des happy weddings, les Hiérosolymitains (le nom qu’on donne aux habitants de Jérusalem) tout comme les Aviviens (ceux de Tel Aviv) célèbrent sans arrêt des moments bibliques forts où les juifs sont restés, se sont enfuis, ont conquis …. Toutes ces fêtes, tous ces shabbats représentent en fait d’excellentes occasions de se rassembler et de se taper la cloche.

Conséquence 1: l’observation d’un surpoids quasi généralisé chez l’homme de plus de 40 et chez la femme de plus de 25.

Conséquence 2 : Bien qu’aucune étude ne le confirme, le budget moyen consacré aux fêtes et cadeaux avoisine certainement le PIB d’un pays africain. On ne lésine sur rien, la fête est belle, le buffet faste, les discours préparés et les animations recherchées (vidéo de l’enfance, magnets du direct, édition d’un livre souvenir…). Le moment doit être inoubliable, il le sera.

Je repense à ma communion si solennelle, mais si peu festive, avec ma famille autour de la table et ma médaille de la vierge autour du cou. J’ai soudain le flash de moi à douze ans en train d’avancer vers l’autel dans mon aube longue oblongue, une rose blanche à la main et chantant «…protège ma prome- esseu, seigneur eur Jésus».

Le Doux me raconte qu’il a fait six mois de préparation avec un rabbin, a appris par cœur vingt pages en hébreu format A3 corps 8 et qu’à sa Bar Mitsva quelques centaines de personnes étaient là.

Nous ne sommes pas égaux dans le souvenir. Pour le coup les miens sont moins lourds, oserais-je un «moins encombrants» ? (Ah oui «ose» me dit Le Doux)

A Jérusalem il n’était question que des élections. Je me garderai bien d’émettre le moindre avis sur la politique du coin car vu de mon clocher je n’y comprends pas grand chose. En tout cas c’est ce que je dis aux gens que nous croisons et qui ont l’air tous assez d’accord entre eux. Le jour des élections Libé avait titré sa Une «Bye bye Bi bi», tout comme la plupart de la presse française du reste, vu le résultat des élections, je ne suis pas la seule à ne rien comprendre.

Nous terminons le séjour par la visite de Yad Vashem.

Dès la première salle je suis prise d’un malaise

et je pleure en m’excusant entre chaque sanglot.IMG_1857

Et ce refrain qui résonne au loin dans ma mémoire, dont j’ai oublié la plupart des couplets.

« Je veux t’aimer sans cè esseu de plus u zan plus… » Et de continuer à ne rien comprendre

 

 

Happy Quinqua, c'est moi !

10 Comments

  • matchingpoints

    Article sincère sans parti pris qui nous fait découvrir différentes facettes de ce pays mal connu. Vu de nombreux clochers de France on n’y comprend rien mais ça n’empêche pas certains de porter des jugements définitifs. Au musée juif de Berlin, l’architecture seule fait déjà éprouver un sentiment de malaise même sans photo.

  • Papesse

    tu as bien de la chance de voyager dans des pays lointains et iconiques, avec ton amoureux en plus…Alors, dans le bonheur complet de ce périple au soleil, autour des fetes et de la musique, les nuits et les brouillards de l’histoire t’ont fait frémir…
    .Il faut être vigilant. L’holocauste, plus jamais.Plus jamais.

    • M.

      Sans bouder ma chance et mon bonheur, je dois reconnaître que cette dernière journée mémoriale m’a un peu plombée. Tu démarres ta visite dans une ambiance architecturale de type Tate Gallery et tu montes dans le train fantôme. Je me suis sentie glisser, soudain trop fragile, je n’y retournerai pas. Plus jamais.

  • rascasse

    oui, même expérience communion/versus Barmitzva, et il faut bien dire, entre nous, qu’un des points positifs des porteurs de kippa, c’est l’amour de la nourriture… avec, pour revers de la médaille (pas pieuse), le petit bedon qui deviendra gros plis,rapidement.Chez les catholiques de ma région, manger, déguster,savourer (et dépenser) est obscène ! Toujours ce refus de la jouissance.

  • rascasse

    le Memorial de Berlin est extraordinaire et bouleversant, emotion transmise et amplifiée par l’architecture, ce qui n’est pas si fréquent.
    Et j’y retournerai, pour ne pas oublier. Mais je ne connais pas encore Yad Vashem, j’irai sûrement, un jour.

  • Happy Jew :D

    J’ai bien aime la comparaison Tel-Aviv/Jerusalem 🙂 Juste une petite remarque car un peu interloquee de la « consequence n.1 ». Un surpoids de l’homme apres 40 ans et de la femme apres 25 ans?!! C donc une regle que vous avez batie sur une soiree. Alors oui, un peu interloquee, car me trouvant tres souvent a Jerusalem, je n’ai jamais vu de personnes en surpoids plus qu’a Paris ou ailleurs. C surement une blaguounette que vous nous faites la.
    Ou peut-etre l’effet de l’alcool lors de la soiree, qui vous a fait voir double, non?
    Ah, et puis au sujet de la celebration de la Bat mitsva, moi j’ai fete la mienne en famille et je n’ai recu qu’un cadeau: une bible en Hebreu rapportee d’Israel. Ma famille habitant a Jerusalem (qui n’est pas en surpoids non plus, je vous rassure…) a fait de meme pour ses enfants. Donc la « consequence n.2 », que vous affirmez d’ailleurs n’etre basee sur aucunes etudes, est aussi a revoir…
    Et puis, autre chose. Quand on voyage si loin n’est-il pas preferable de voyager, le coeur ouvert, loin des cliches et des idees preconcues? Car enfin, la caricarue devastatrice du feuj bedonnant et claquant son argent qu’on nous sert au cinema comme ailleurs vehicule tres peu d’amour (si ce n’est aucun) et commence a etre lassante, navrante voire agacante. D’ou ce post. Et d’ou sans doute votre malaise a Yad Vashem.

    • M.

      Bonjour Happy Jew,
      Merci pour votre commentaire qui démarre par un smiley (on se dit qu’on va avoir un compliment et pas du tout) et qui continue par un recadrage féroce. alors, que vous répondre ? Que vous avez raison, qu’il n’y a rien à dire pour ma défense si ce n’est que j’essaie de mettre de la légèreté et de l’humour dans la vie en général et dans mes posts en particulier et que c’est toujours une prise de risque. Ce blog se veut bienveillant, pour les femmes, les quinquas et même pour ceux qui sont en surpoids, qui sont souvent les mêmes.

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