Les new yorkais et leur chien

photo 3C’est fou tous ces gens qui ont un chien ! Jusque là rien d’extraordinaire, de tout temps il y a eu des chiens dans les familles. En général on le trouvait juste avant les grandes vacances dans la rue, il, était abandonné «Maman papa, allez, on va pas le laisser tout seul», devant nos suppliques appuyées d’un œil mouillé les parents cédaient. Le chien faisait alors partie de la famille, on lui lançait la balle, il finissait nos plats, et un jour il passait sous une voiture et nous versions pour lui la deuxième et dernière larme.A New York, aujourd’hui le chien n’est plus l’ami des enfants ou des veuves, Il est l’amour inconditionnel, l’accessoire chic, l’objet transitionnel de certains, bien plus nombreux qu’on ne croit. Le propriétaire d’un chien s’adresse à lui comme à une personne et le présente comme son fils ou sa fille, c’est selon. Dans 10 ans on ne comprendra plus l’expression : «parler à quelqu’un comme à un chien».

Avoir un chien permet de lui faire supporter son besoin d’amour sans qu’il trouve à redire. Et c’est sans trop d’effort et sans condition qu’il vous offre le sien. Le chien est toujours d’accord, toujours de bonne humeur et ne vous poignardera jamais dans le dos.

Dans la rue, le chien appelle à la même considération que la femme enceinte. Il est l’objet de presque tous les débuts de conversation entre étrangers. Je ne parle pas de la complicité quasi maçonnique de ceux qui se croisent chacun avec leur chien, alors là on est en pleine religion.

Alors bien sûr le chien, selon la griffe renseigne sur le genre du propriétaire. Le grand caniche frisé ou le Dobberman sera l’enfant de Monsieur, (un fils souvent) le petit chihuahua ou le King Charles appartiendra plutot à Madame (plutôt une fille)IMG_0434

Le chien est devenu le détail social qui dit que vous n’avez pas ou plus d’enfants à charge et que vous avez les moyens,

Parce que s’il est l’exutoire d’une immense solitude il est aussi l’objet d’un énorme business.

Le marché du chien est profitable : un dog walker gagne environ entre 200 et 300 $ par jour (les riches ne ramassent pas les crottes), le coiffeur pour chien c’est 90$ chaque mois parfois plus, les centres de toilettage se multiplient : à Chelsea, surtout et aussi dans les 2 upper side. On trouve des Spas pour chien mais aussi des Psy pour chien. Une copine qui me parle de son chien comme de la nativité me dit qu’elle dépense 80 dollars par semaine pour le budget acupuncture canine. le mois dernier son chien avait besoin d’une intervention chirurgicale, coût de l’opération 12 000 $. Le véto c’est environ 500 $ à chaque fois, Elle donne a son chien 16 pilules de vitamines chaque matin (oui vous avez bien lu SEIZE), et son «trésor» préfère les croquettes «organic» (bio) assure t-elle. En investiguant un peu on devrait trouver aussi la version gluten free, vegan et commerce équitable. Bol son chien n’est pas allergique et mange de tout, il a juste des problèmes d’estomac, tu m’étonnes 16 pilules !

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Côté mode elle lui fait porter chez elle 4 petits chaussons pour qu’il ne tache pas la moquette de son appartment. et je passe sur les colliers et laisses aux armoiries du chien, les petites culottes adaptées, les imper parce qu’à New York il pleut parfois et les bijoux quon ne sort que pour les grandes occasions.

Tout comme les profs il y a des degrés dans la garde de chien. Pour arrondir ses fins de mois en plus de son travail à Wall Street, Doug garde des chiens mais pas n’importe comment, il les dresse. Une de ses relations de la finance lui confie régulièrement la garde de Hemmet et Darius : 2 énormes cockers bicolores à longs poils et longues oreilles. Il leur apprend des trucs de chien savant qui vont au delà du «couché assis, dans mes bras». Par exemple il place un cookie en équilibre sur le museau que le chien va projetter en l’air et rattraper dans sa gueule. Pour m’impressionner Il me montre plusieurs vidéos de ses exploits pédagogiques. «Waouh» lui dis-je ! quand je lui demande comment il s’y prend il me répond «takes time»

Sur le papier, Doug est un produit rare, c’est un joli garçon dans la bonne partie de la cinquantaine, il sait piloter des avions, il est sportif, éduqué, célibataire, il aime les femmes (en tout cas il le prétend) et les chiens (ça en revanche c’est sûr). Je fais semblant de ne pas voir qu’il fait semblant de me draguer. Bref c’est mollement ambigüe, mais comme je suis autant curieuse que facétieuse, même si je ne suis pas intéressée, (mais alors pas du tout) je le regarde avancer ses pions avec amusement. Pour voir comment ils font à New York en général et comment Doug va s’y prendre en particulier….

Doug me déroule les photos de son i-pad mini je suis étonnée de voir qu’il n’y a quasiment que des photos de Darius et d’Hemmet. Les 2 fils chéris de ses amis gays. L’un est le neveu de l’autre me dit-il. Au bout de la 250 ième photos j’ai le sourire crispé, je n’en peux plus de répéter hypocritement «Oh Nice, charming, oh he is so cute»

A la fin de la séquence photo Doug a les yeux plein d’amour d’avoir vu défiler Darius et Hemmet mais il est redescendu d’au moins 3 crans sur l’échelle de la séduction. Il me dit qu’il dort avec Hemmet dans le même lit, j’espère ne pas avoir bien saisi le sens de la phrase, ça m’arrive parfois, «In the same bed ?» «yes» me dit Doug pas coupable, presque fier. Je ne sais que penser d’un homme qui dort avec des chiens. Faut-il être bien seul pour en arriver là ? Faut-il avoir été brûlé, ne plus croire en rien.

Parfois la fuite n’est plus une option.

 

 

 

 

 

9 réflexions au sujet de « Les new yorkais et leur chien »

  1. Doug a l’air très chouette! Peut-être qu’Hemmet dort au pied du lit, juste en rond, discret ?
    Et puis, les 250 photos, c’est le problème du numérique, qui a le temps de trier?

  2. Doug qui ne s’appelle pas en vérité Doug mais…..et il est super chouette. Avec lui je fais du vélo et je perfectionne mon anglais mais son rapport aux chiens me le rend étrange, autant qu’étranger.

  3. Très marrant le « oh nice, he is so cute » ça sonne tellement faux!!!! je me demande comment il ne s’en est pas rendu compte! En tout cas il t’a fais découvrir des endroits de New York où tu n’aurais même pas mis les pieds, il t’aide pour ton anglais. On va donc lui pardonner son amour pour les chiens qui est peut être plus fort que celui qu’il a pour les femmes, ou il sait mieux le montrer

    • C’est vrai que quand on me connaît on imagine la scène. C’était malgré tout une chouette rencontre. Je dis souvent qu’il faut toujours se méfier des hommes qui adore ou déteste l’un de leur parent, ça cache toujours une fêlure qui encombre la vie amoureuse. Mais je n’avais jamais pensé à intégrer les chiens dans cette analyse. Merci pour ton commentaire.

  4. J’ai des amis a NY qui ont un caniche tellement jaloux qu’il couvre les conversations en aboyant furieusement; ca a tendance a me consterner mais eux trouvent ca plutot amusant…la aussi la fuite n’est plus une option.

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