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Marcel

Une lumière hivernale venait de se faufiler entre les rideaux quand la servante entra sans frapper. Comme tous les matins, elle déposa sur la table de chevet le plateau d’un petit déjeuner composé d’un thé et d’un croissant. Jusqu’à l’heure des mondanités qui alimentaient une partie de ses récits, c’est à dire le soir, Marcel ne consommerait rien d’autre. Sa situation professionnelle et les arcanes d’une administration (déjà) peu regardante autorisaient l’expression de sa vocation. Il allait passer toute la journée avec une plume, un encrier et des sentiments. Ce matin-là il écrit :

«….Je ne sais pas si vous êtes très répandu dans la brillante société qui se trouve ici mais je n’ai aucune idée du nom de toutes ces étonnantes personnes. A quoi pensez-vous qu’ils passent leur vie en dehors des soirées de Madame de Saint-Euverte ? Elle a dû les faire venir avec les musiciens, les chaises et les rafraîchissements…»

Et le lendemain après la description des cruautés de la princesse de Laumes, Marcel eut cet élan nostalgique  :

« …Mais quand d’un passé ancien rien ne subsiste, apres la mort des êtres, après la disparition des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immaterielles, plus persistantes, plus fidèles, l odeur et la saveur restent encore longtemps comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer sur la ruine de tout le reste, à porter sans faillir sur leurs gouttelettes presque impalpables, l édifice immense du souvenir… »

Un siècle plus tard, au dessus de notre Kindle, il nous donne toujours autant de bonheur et cette envie d’observer le monde différemment. « l’édifice immense du souvenir » ! zob !

(L’HI est d’accord).

Happy Quinqua, c'est moi !

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