C’est une question que je me suis parfois posée. Souvent en début de rencontre lorsque le Monsieur attaque la prime approche par un baby JB ou un Jack Daniel. Là dans un coin de mon écran personnel un Gimini Criket guoguenard me chuchote à l’oreille : “Prête attention aux qualités mais aussi aux quantités” car si les verres qui suivent ne sont pas remplis que de glaçons, et pour peu que le monsieur ait le teint aubergine “Aïe, aïe, aïe !”. L’alcoolique, lui, banalise son lever de coude, et use de prétextes divers (clim défaillante, réchauffement de planète, raison festive…) pour exprimer le besoin de s’hydrater d’un jus de raisin fermenté (ou autre) avec la bénédiction bienveillante de son entourage qui, souvent, l’y encourage. Il n’est pas facile d’échapper aux sollicitations, surtout à Paris, surtout quand c’est du lourd, (dire non à un verre de Cos d’Estournel 82, c’est comme refuser une invitation à dîner venant de Georges Clooney ou de Hugh Grant) il faut respirer avant, et pas qu’une fois. Dire non ou bifurquer sur le jus de fruit ou la verveine menthe est un art, sachant que les effets ne sont pas les mêmes. Dire oui est toujours plus poli. Nous-mêmes, n’avons-nous pas tendance à dédramatiser nos libations ? Pour minimiser le mot “alcoolo” nous allons même jusqu’à y accoler avec le sourire celui de “mondain” comme si la vertu de l’adjectif ou le côté social de la chose pouvaient justifier de l’habitude ou du volume. Mais quelle est la limite ? Quelle est notre limite ? D’autant que nous sommes inégaux face à l’alcool (triste, parano, pleurnichard, sentimental, agressif, indignés,…) mais le problème c’est que la plupart des gens ont l’alcool joyeux et drôle et, désinhibés, ils en deviennent même parfois plus séduisants. Personnellement je suis chanceuse, j’ai l’alcool mutique dans le comportement et migraineux dans les effets collatéraux. Quand on veut me faire taire, on me fait boire, mais quand on veut me faire plaisir, on m’offre du Saint-Julien. Il est ma limite à moi. Même si elle est meilleure partagée, je suis aussi capable d’en ouvrir une (bonne) bouteille religieusement, seule, en totale égoïste, en hédoniste absolue, j’allume alors une bougie, j’envoie (un peu fort) la messe solennelle de Rossini, je prends un grand verre à pied et j’écarte de mes pensées coupables cette accusation qui affirme que l’alcoolique est celui qui boit seul. De toutes les façons, personne ne le sait, sauf moi… et vous maintenant !
8 Comments
caramelle
Pas de parité dans ce domaine la femme étant bien plus vulnérable à l’alcool que le mâle …c’est ainsi c’est physiologique…
M.
Homme ou femme nous avons tous une limite qui est une équation entre l’âge, la corpulence, la taille et l’atavisme. ensuite l’addiction s’installe insidieusement. Et pour peu que la cigarette accompagne, alors là….
Helmut
Que vous me faite plaisir et me déculpabilisez chère Happy Quinqua : moi j’écoute du Wagner quand je bois de la bière ! (Mais ce n’est pas de l’alcool, c’est un aliment…)
M.
Ah ah ah c’est un allemand !
lol
très bien vu… heu bu!
jane Puylagarde
Super article… comme d’habitude!
forevera
« L’alcool attise le désir, mais tue la performance »
Shakespeare.
Midnight in Paris, Woody Allen, 2011
Caroline from Singap
Ah ahah, cette question je me la pose souvent!! Je crois que c’est une question d’addiction….oh et puis tant pis….du moment qu’on assume et tant que le vin est bon!!! …un petit (enfin un gros) cigare pour finir!! rahh obsession/addiction…:)