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Collioure vs Cadaquès

IMG_0323Le soleil brille partout pareillement, mais Collioure et Cadaquès ne prennent pas la lumière de la même façon. Il fût un temps pourtant où Matisse, Derain, Dufy et toute la clique des fauves apportaient à Collioure leur éclairage personnel contribuant à son rayonnement international.

De l’autre côté de la frontière Cadaquès, village plus discret, allait devenir quelque temps plus tard le fief du couple sulfureux Dali – Gala. Ce n’est pas rien.

La pêche, la vigne, le vin, l’huile d’olive…. ces deux villages vivaient jusque dans les années 60 de ces choses simples que la notoriété internationale des artistes n’avait pas corrompue.

Depuis, les choses ont évolué et les deux villages à la même mer ne vont plus de pair.

Collioure qui a une forte longueur d’avance grâce à ces vestiges architecturaux uniques (Clocher médiéval, Château Royal, Forts historiques…) a déployé un peu partout des programmes immobiliers accessibles et discutables quand Cadaquès n’a autorisé que la construction au compte gouttes de maisons en pierre ou de villas blanches aux volets bleus. Mais là n’est pas le problème, après tout c’est une question de gestion de croissance qu’une mairie décidée et entrepreneuse peut envisager de circonvenir. Faisons confiance à la nouvelle équipe.

Non le problème est qu’au delà des 90 km qui les séparent, à l’heure où il est question de les jumeler, le style et l’art de vivre sont en train de creuser bien plus qu’un écart, pire un fossé !

Je n’irai pas non plus sur le terrain des commerçants qui à Collioure répondent à une offre qui fait qu’il est plus rentable de vendre des vêtements fabriqués en Inde que du fromage ou du poisson frais – pas de poissonnerie, pour un village de bord de mer, c’est curieux non ?

C’est à la restauration que je porte mon coup de griffe.

Dans ce décor éblouissant, la bouffe (parce qu’il n’y a pas d’autre mot) est souvent une insulte aux gens, aux touristes, aux visiteurs qui en échange d’une vue doivent se satisfaire d’une cuisine médiocre et coûteuse.

C’est une faille dans l’art de vivre, la plupart des restaurateurs veulent leur part sans faire le moindre effort culinaire, ignorant toute forme de respect pour leur clientèle. Et c’est bien dommage.

(Certes pas tous les restaurants, pas le Cinquième Péché, pas le Neptune, pas les Voiles, pas Can pla, et peut-être d’autres, il s’agit là d’un avis général partagé par trop de monde autour de moi)

Pourquoi cet agacement ?

Parce que de l’autre côté de la frontière, la possible jumelle Cadaquès propose un florilège gastronomique. Des choses créatives, fraîches et accessibles, on sent qu’El Bulli a redonné aux catalans (du sud) cette envie de bien faire et ce goût pour le bien manger. Pour le plus grand bonheur des visiteurs et des touristes les restaurants de Cadaquès ferraillent alors pour le meilleur xuquet, pour se procurer les poissons les plus frais, pour inventer de nouvelles préparations de coquillages.

« Pourquoi il n’y a pas ça dans ton pays ? » me demande Le Doux en avalant la dernière bouchée d’un loup incroyable à Es balconets ; Il m’avait déjà fait la même remarque à Can Tito, à Cala d’oro et aussi à Talla, et à Can Rafa également.

« Chéri, nous sommes ici en Catalogne, c’est aussi un peu chez moi. Et puis pour Collioure, t’en fais pas, ça reviendra. »

Je pense à mes huit arrières grand-parents tous nés dans un Collioure d’où se dégageait un art de vivre simple et brut, à la fois fiers et indifférents, autant à la beauté du lieu qu’aux peintres de passage.

Happy Quinqua, c'est moi !

8 Comments

  • Margot

    Ça reviendra quand trop de gens diront la même chose, passeront leur chemin et choisiront la soeur jumelle pour découvrir cette belle côte au bord de la même mer en contrebas de la même chaîne de montagnes et dont le littoral n’est coupé que par une frontière virtuelle.

  • Marie Marguerite

    À Cadaqués, je conseille ES RESTAURANT, de Port-Lligat: le cadre ne paye pas de mine, mais dans l’assiette c’est un festival! Le chef a d’ailleurs un restaurant gastronomique merveilleux, à Mollet de Peralada, près de Figueres: le Reina de Port-Lligat.

  • Isa.B

    Tout à fait d’accord avec votre article, mais pour moi Cotlliure serà sempre Cotlliure. Que de bons souvenirs dans ce beau village, je n’hésite pas à en faire des éloges aux amis qui ne connaissent pas, et le 16 août, quel spectacle

  • matchingpoints

    Par chance nous avons l’occasion de séjourner souvent en Catalogne française et de faire des incursions en Catalogne espagnole. Nous avons été mal reçues dans un café du port de Collioure et nous avons été sous le charme de Cadaques http://wp.me/p2H2o8-2zi et de port LLigat http://wp.me/p2H2o8-5r5 . Heureusement que la tradition des anchois de Collioure est maintentue par de valeureux commerçants http://wp.me/p2H2o8-4p2 😉

    • M.

      OK j’irai au Vauban la prochaine fois, et me permettrai de vous livrer mes impressions. Concernant les pots d’échappement de Cadaquès, je suis étonnée, car à Cadaquès il n’y a pas (ou presque pas) de voitures, vu qu’il n’y a pas de route traversante. Les voitures sont parquées soit dans les hauteurs, soit au parking.Concernant Collioure, heureusement que c’est piéton en partie ! sinon où se garer ?

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