Bien-être,  Non classé

Comment quitter son psy ?

img_3110De l’emprise contrôlée qu’ils ont sur nos émotions à la manne financière qu’on représente, les psys, ne veulent pas être quittés. Entre nous qui le veut ?

Alors qu’ils nous enseignent le « comment dire non », on se surprend un jour à leur faire savoir en crabe qu’on a rencontré quelqu’un et que conséquemment nous n’avons plus besoin d’eux. Parce que c’est quand même ça l’histoire. (j’entends : « mais non ça n’a rien à voir », tu parles, ça a tout à voir !).

Selon votre capacité à lui tenir tête, vous allez soit avancer timidement soit disparaître sauvagement. croyez-en mon expérience, seule la technique du couteau japonais est efficace, (valable aussi pour une relation amoureuse non satisfaisante), d’un coup, schlack dans le vif : « stop ! ».

Parce que voyez-vous quand on souhaite arrêter sa psychothérapie la molle conviction est improductive.

Il est difficile d’affronter le regard de celui qui a pris une forme de pouvoir le jour où il vous a tendu la boîte de Kleenex.
Vous avez dit : « J’arrête »
Non seulement le psy n’a pas bougé, mais il vous a obligé à répéter
« Oui j’arrête… j’arrête »
Là un silence d’une tonne s’est écrasé sur le divan.
Vous avez craint qu’il ne s’arque sur ses ergots à l’aide d’un : « Vous plaisantez j’espère »
Pendant quelques secondes vous avez cherché de l’air en regrettant de ne pas avoir eu la position un peu tordue de recourir à des prétextes bidons relevant de votre emploi du temps ou de vos problèmes financiers, ou de ne pas avoir pensé à dire (un peu lâchement) « j’ai besoin de vous rappeler pour confirmer le rendez-vous », ce que bien sûr vous n’auriez jamais fait.
Mais tenir la posture avec certitude et dire oeil dans l’oeil « c’est notre dernière séance » est un acte de bravoure qui force le respect.
Préparez-vous à la réponse qui est toujours la leur : « on en parle la semaine prochaine ». (vécu)

J’ai croisé dans un dîner un cinéaste que je ne nommerai pas et qui nous a avoué suivre une psychothérapie depuis 25 ans. « Les deux première années ont été merveilleuses » dit-il « j’ai passé ensuite 23 ans à essayer d’arrêter »
Après nous avoir fait cette révélation, il s’est endormi immédiatement, comme ça pendant le dîner, assis, le menton sur le plexus, au milieu des convives qui continuaient leur conversation l’air de rien. Au bout de 10 minutes il s’est mis à ronfler.
Je sais, ces deux informations n’ont sûrement rien à voir l’une avec l’autre, mais je ne peux m’empêcher de lier l’apaisement (sommeil) à la béquille qu’a dû devenir son thérapeute;

En ce qui me concerne (oui oui j’ai beaucoup consommé, on ne devient pas Happy Q comme ça) le jour où j’ai retrouvé mes esprits, mon autonomie et un certain équilibre amoureux, j’ai annoncé à la fin d’une séance que j’arrêtais. Prise de court, ma psy, interloquée, s’est insurgée :
« Mais non ! vous ne pouvez pas arrêter comme ça du jour au lendemain, ce rendez-vous avec vous-même, ce n’est pas rien tout de même».
(120 euros la séance de 30 minutes ce n’est pas rien tout de même non plus).
Je me suis rendu compte qu’elle prenait du plaisir à nos séances. Normal je faisais tout pour l’intéresser, la distraire, ou la faire rire, une forme détournée du transfert je suppose. A chaque fois, je quittais son cabinet épuisée par ma logorrhée, elle, semblait même regretter que la demi-heure passée ensemble ne s’écoule aussi vite. J’étais comme obsédée par lui donner du bonheur

J’ai fini par trouver que je payais cher pour qu’elle passe un bon moment.

Alors bien sûr quand elle m’a annoncé que deux fois par semaine seraient nécessaires à la gestion de mes névroses, je me suis posé la question de savoir si je n’allais pas en profiter pour faire aussi des économies d’énergie. J’y suis parvenue avec la plus grande difficulté.
Je lui dois cependant deux ou trois petites phrases inspirantes qui m’ont vraiment aidée et m’accompagnent toujours. Je les partagerais avec vous, promis. Une autre fois.

Post écrit après avoir fait un truc qui ne m’arrive jamais : lire deux bouquins de psy d’un coup et du même auteur. Non ce n’est pas Freud, ni Lacan mais Alain Valterio, un junguien libre et disruptif, peut-être même un peu dissident.
L’un s’appelle : « Névrose psy » dans lequel l’auteur évoque les effets de la psychologisation sur les mentalités, le titre de l’autre est « Brèves de psy » où l’auteur croque des chroniques courtes et croustillantes (Celui-ci ne sort qu’en novembre). Les deux aux éditions Favre.

Et oui je reçois des livres en service de presse parce je suis une blogueuse. Ce qui m’inspire une prochaine idée de post : « De quoi vivent les blogueuses ? »

L’oeuvre ci-dessus est de Sol LeWitt, sublime, magique, hypnotique, minimaliste, graphique. Elle est présentée chez Pace sur la 57 st

Happy Quinqua, c'est moi !

14 Comments

  • matchingpoints

    Le psy, nous ne le connaissons qu’au cinéma et là c’est plutôt drôle ! Mais dans notre vie réelle, c’est un cercle de très bons amis qui était à l’écoute de l’une de nous deux à un moment donné – bien moins cher et plus fidélisant d’ailleurs ! Néanmoins, nous attendons vos « petites phrases inspirantes », on ne sait jamais…

    • M.

      Pour vous les Matching Point qui êtes fidèles et toujours bienveillantes dans vos commentaires, je vous en livre une de ces petites phrases venues de ma psy : « L’âge est une abstraction » C’est pas beau ça ?

      • Visiteuse

        « L’âge est une abstraction ». Tout ça pour ça !? ça fait mal…

        Pour un truc potentiellement plus efficace encore qu’un monologue verbal tarifé :
        « Très bonne chronique Sciences dans les Echos ce matin. Les plus riches des maîtres de l’Univers de la Silicon Valley se feraient transfuser du sang de jeunes hommes ou femmes pour rester en bonne santé plus longtemps et vivre plus vieux. On appelle cette transfusion d’un type particulier la « parabiose ». Peter Thiel (Paypal) paierait 8000 dollars la transfusion de sang de jeunes de moins de 25 ans. Et il n’est pas le seul. Le rêve de l’immortalité, fantasme ultime de la Silicon Valley ».

        Sinon,à défaut de fraiche hémoglobine, rabattons-nous sur ce très cher Ambroce BIERCE(Le dictionnaire du Diable ) :
        Vieillesse n. Période de la vie où nous transigeons avec les vices que nous continuons à chérir, tout en repoussant avec horreur ceux que nous n’avons plus la faculté de commettre.

        • M.

          Ah oui j’avais vu la transfusion à 8000 dollars, même que je m’étais dit que si j’étais très riche pourquoi pas. Mais je persiste à trouver ma petite phrase plus efficace pour le mental, en tout cas le mien.

  • La fille en rose

    Ah là là, c’est tellement ça !… Mon psy refuse la rupture, qui pourtant nous pend au nez depuis des mois ! J’en parle souvent, lui explique ce qui me manque dans la relation, le confronte, mais rien ne bouge. Très très peu d’évolution de ma part, pas de confrontation de la sienne, ni de prise de risque (« ce mal-être, c’est parce que vous avez une fragilité dans vos rapports aux autres » : merci Captain Obvious… ), pas d’autorité dans ses points de vue, que je prends du coup très à la légère, très peu de feed-backs pertinents… J’ai une impression d’enfumage à chaque fois que je sors de chez lui, mais comme je suis une bonne élève consciencieuse, si ça se trouve c’est moi qui ait un problème, hein…
    Donc…
    « A quand le prochain rendez-vous ? » « J’en ai marre, on en a parlé toute la séance, j’ai vraiment envie d’arrêter ce coup-ci » « J’ai pas fini de remplir le rapport » « Dans deux mois ? » Grimace. « Un mois alors ?… » Grimace. « Bon écoutez, décidez vous, de toute manière, apparemment j’ai pas tellement le choix ! » « Ah mais vous êtes libre de décider. Mais vous risquez de perdre l’aide de l’état » « Ça, ça me regarde, je regarderai avec eux ce qu’il en est, j’ai quand même une marge de choix je pense » Grimace, regard fuyant. « … Bon (je faiblis, j’ai pas envie de me mettre en colère pour notre dernier rendez-vous), si vous avez encore besoin que je vienne pour finir de remplir votre rapport (on sait les deux que c’est pas le cas !), je reviendrai encore une fois »
    Alors voilà, j’ai rendez-vous dans un mois, un bel exploit… Moi qui voulait arrêter en bon terme, par une bonne poignée de mains accompagnée d’un « bon vent » et de la possible recommandation d’un confrère, je vais devoir annuler pour filer lâchement, après 2 ans de thérapie. C’est nul, mais comme quoi, même au pays des psys, la perfection relationnelle n’est pas de ce monde !

  • sophy

    Bonjour, je n’ai pas trouvé les phrases inspirantes dans une autre publication, pouvez-vous me dire si vous avez finalement écrit à ce sujet, votre retour m’intéresse , merci!

    • M.

      Bonjour Sophy, la seule petite phrase inspirante qui me vient en tête comme ça est « l’âge est une abstraction », ce qui m’a soulagée du poids des années lequel m’encombrait un peu plus à la cinquantaine. Après il y en a eut d’autres bien sûr, mais je les ai oubliées… Le livre a été écrit il y a 3 ans, entre temps, le monde et nos vies ont changé et les phrases inspirantes d’hier ne sont plus les mêmes aujourd’hui.

  • Fréderique

    Rolala mais qu’est-ce qu’il est bon de rire !!!
    C’est tellement ça !
    8 mois de séances de 30 minutes (et encore je suis une privilégiée mon cas nécessitant apparemment un rab sur les 20 minutes réglementaires), même sans dépassement d’honoraires c’est cher payés les monologues, si encore j’avais droit au canapé…
    Ras-le-bol on va jamais au fond des vrais sujets je crois que le vrai salut viendra du couteau japonais en effet ! Ce moment de jouissance où on prend les rennes. Entre ce moment de gloire téméraire (ou de honte face à l’infantilisation vindicative du thérapeute en rupture de contrat sans préavis), l’annulation ou le lapin de dernière minute, mon cœur balance . Reste que j’angoisse à l’idée d’entamer un sevrage médicamenteux à l’aveugle.

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