Attitude

Happy Q va à la messe

Hier matin, j’ai enfilé des Tods à picots et hauts talons, une jupe en crèpe noir de chez Prada d’il y a 3 ans, un blouson en peau retournée Barbara Bui et, à grands pas je me suis rendue place Saint Germain des Prés… non non pas aux Deux Magots, ni à la Société, ni à la Hune, ni au Bonaparte… non, à l’église.

Pour fêter le premier jour du Carême une chaisière toute sourire distribuait à l’entrée de la paroisse Saint-Germain des Prés, une écharpe violette. Plus utilitaire qu’un drapeau aux couleurs de l’arc en ciel, plus mixte que la kippa ou le voile, moins engagé que la faucille et le marteau, plus visible que l’équerre et le compas, je me suis dit que l’écharpe violette c’était du marketing de haute volée, un signe de reconnaissance, une appartenance, presque un truc mode.

Le curé qui officiait a même vanné sur l’harmonie de celle-ci avec les bottes Louboutin, violettes elles-aussi, de ma copine fashionista qui tout comme moi s’habille toujours pour ce genre de rendez-vous.

Je ne suis pas bigote mais j’aime bien de temps en temps aller à la messe, plutôt pour les grands moments : Noël, Pâques, les Rameaux.

Là, arrêt sur écran du lecteur stupéfait qui se demande s’il a bien lu et comment il est possible d’opérer un grand écart facial qui nous envoie en 1 post (cf le précédent) de l’élégance d’une éjaculation faciale à des considérations sur la foi.

Historique et explication :

Dans mes années de prime jeunesse, la messe dominicale avait fonction de baby sitter gratuite. Ma mère m’y envoyait, tranquille, rassurée, et pendant ce temps-là elle ajustait son brushing, préparait le repas, raccommodait des chaussettes, ou autre. De mon côté, devant le prie-Dieu qui portait le nom de ma grand-mère sur une plaque de céramique, pendant une heure et quart, j’accumulais (déjà) de menus péchés. Je révassais en contemplant les madones, chantais à tue-tête le latin en phonétique, faisais semblant de déposer dans la sébile les pièces de monnaie destinées à la quête, m’achetais des bonbons avec et me confessais ensuite des rêves, des chants, du recel et de la gourmandise qui s’en suivaient. Bref tout ça pour dire que la messe avait une fonction de sas de décompression, presque d’un espace de liberté.

Puis est arrivé le grand trou noir de l’indifférence à toute forme de religions. Il a duré plus de 20 ans avant de découvrir l’Amour, le bouddhisme, la psychanalyse et le Bikram Yoga. Chacun a fait le boulot à sa manière et de façon un peu opportuniste, en un sens, j’ai fait mon petit arrangement avec la spiritualité en général et avec la religion catholique en particulier. Sans rentrer dans les détails personnels de mes croyances, je me sens en phase et à ma place dans ces instants où soudain je suis comme envahie par l’apaisement, l’équilibre et la sérénité. Ici, à Paris, nous sommes loin des homélies de mon enfance, monocordes et ennuyeuses et je revisite ces expériences différemment. Les deux curés qui se sont exprimés dimanche étaient jeunes (happyquadra je dirais), beaux (ben oui mignons) et brillants. Merveilleux orateurs, ils nous ont offert un sermon enlevé et inspiré, sans note ni oreillette, qui aurait rempli de fierté n’importe quel coach de la « Prise de parole en public ».

On dit que les églises sont désertées, et que la foi va à vau l’eau, peut-être, mais je peux vous certifier qu’à Saint-Germain des Prés le dimanche à 11H, dans la paix du Christ, ça se bouscule.

Ensuite, ma copine et moi, l’âme lavée, l’émotion abolie et l’ivresse pénitente, nous sommes retournées au plus prés des vanités urbaines : au café de Flore, et au dessus d’un café pot (4 euros 40), nous avons mis des options sur les festivités de la semaine à venir en matant les people qui entraient et sortaient.

Mon Dieu, dans quelle catégorie vais-je ranger ce post ?

Happy Quinqua, c'est moi !

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