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La vie à deux est-elle possible après un long solo ?

ValentinusL’idée de partager mon moi et mon toit avec quelqu’un s’était dissipée au fil des années d’autant que ma vie solo avait pris tout récemment un tournant très libre entre Paris et New-York.

« Qui s’installe ensemble à nos âges ? » ai-je entendu. « Personne » ai-je constaté. Bien sûr on connaît tous les couples « second life » qui se sont mis en place autour de la quarantaine, mais après cinquante ? cherchez bien il n’y en a point !
C’est un truc de jeunes que de décider de partager le même appartement, la même machine de blanc, le même verre à dents.
Ensuite, les habitudes ne se laissent pas bousculer comme ça et pour peu que les histoires passées envahissent encore le présent : des enfants encore jeunes, un divorce pas tout à fait réglé, et vous tenez là les bons prétextes pour ne rien changer à ce « Chacun chez soi » devenu synonyme d’indépendance et de liberté.
La bonne raison de cette décision relève souvent de ce mélange combinatoire subtil fait d’amour, de bon sens économique et de compatibilité spatio-temporelle.

Une fois installés, il faudra alors ré-installer des rites millimétrées, découvrir avec bienveillance les petits travers de l’autre, les accepter durablement, faire passer les siens l’air de rien, renoncer à dormir en chaussettes les pieds crémés, réfréner les possibles agacements : Bach au réveil plutôt que Guillaume Durand, c’est comme ça, j’ai compris que c’était in-négociable (bol, le Doux aurait pu être fan de Boulez ou de heavy metal).
Le défi est de pouvoir ré-initialiser le quotidien dans cette composition à deux. C’est un ajustement de tous les instants.
Imposer son nécessaire et, en échange, accepter son superflu.
Un rythme qui, dans l’ensemble, s’installe et un pouvoir qui, dans les détails, se prend.

Plus trivialement j’ai pu constater que la répartition des tâches partagées s’inscrit dans un contrat tacite décidé dès les premières semaines. Plusieurs fois la chose faite, et voilà qu’elle vous appartient.
On ne se rend pas compte à quel point ce tempo donné dès les prémisses s’inscrit dans le marbre de la relation. Comment la gentillesse prodiguée par l’élan amoureux ou l’acte anodin dicté par une simple occurrence par deux fois réitérée devient une habitude qui elle-même s’érige en fonction laquelle crée l’organe. Vous devenez alors l’organe qui descend la poubelle, prépare la vinaigrette ou lave la casserole d’après-spaghettis. C’est un désavantage acquis

Mais il fait face à toute une batterie de mini-joies dont le moindre interstice se découvre et se savoure chaque jour, et face à laquelle nos menus renoncements paraissent bien dérisoires. Après tout on peut survivre sans Guillaume Durand le matin ou les pieds dans les chaussettes la nuit.Fall In Love
PS/ L’illustration de ce post est une œuvre de Marie-Line Greffard dont j’admire le talent depuis toujours et qui, après un long solo …

Post écrit dimanche matin 31 janvier en écoutant en boucle ça

Happy Quinqua, c'est moi !

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