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Que sont nos enfants devenus ?


Le contexte économique favorable dans lequel nous avons grandi glorifiait volontiers l’entreprise et le travail. Il fallait faire des études pour être embauché(e)s quelque part, si possible dans une grosse boîte avec un CE, des tickets restau et une carte orange.

Après trente petites minutes d’entretien, nous étions partis pour une longue aventure commune. Nous étions assez fiers de notre appartenance à la firme. Il fallait aussi avoir un truc qui n’existe plus trop aujourd’hui : un Plan de carrière. 

Sur nos CV il n’y avait pas grand chose qui dépassait. 

Et puis nous avons vécu en direct de multiples révolutions autant sociétales que digitales et ce bouleversement a fait muter certaines valeurs. Nos enfants ne sont pas nous, certes, mais à quel moment s’est-on aperçu que leurs rêves n’avaient plus rien à voir avec ceux pour lesquels nous avions été programmés. Je ne suis pas sociologue mais sans généraliser ce qui est propre à mon cas personnel j’observe qu’ils ont des choses qui nous échappent.

Mon fils par exemple est décroissant. Il est brillant, (école de commerce / master à la Sorbonne) mais a choisi d’être musicien, et de vivre des petits boulots qu’il facture via son statut d’auto-entrepreneur. Il a un rapport distancié à la consommation et à l’argent, il fait le tri sélectif, n’achète jamais de vêtements (On lui en donne), ne se meuble que chez Emmaüs (ou fabrique avec des trucs de récup), ne veut pas prendre l’avion, ne se déplace qu’à vélo (Velib 30 autos par an, ce que j’ignorais) ou en transports en commun, se balade avec sa gourde (pour boire), plante des légumes sur son balcon ou sur le toit, ne consomme que local (sauf l’avocat du Pérou parce que c’est trop bon dit-il en demandant presque pardon). Spinoza, Emerson et Thoreau sont ses auteurs de chevet. Il a 30 ans et vit avec la même fille (une merveille) depuis 10 ans (Un chiffre que je n’ai jamais atteint).

C’est un sage, je l’admire et je suis fière de ce qu’il est mais je ne comprends pas bien car je ne l’ai pas élevé comme ça.

Un roman autobiographie de Nathacha Appanah qui s’appelle Les noces d’Anna décrit merveilleusement bien l’étonnement de ce qu’est devenue sa fille, si loin de ce que l’auteur est. Il n’y a pas de jugement dans la description que fait la mère dans ce moment particulier qui est la noce, mais son interrogation est légitime, et elle se demande à quel moment sa fille lui a échappé.

Ma fille en revanche a hérité de mes errances et sûrement de cette forme de volontarisme qui se confond avec l’ambition. Physiquement nous ne nous ressemblons pas du tout mais pour le reste elle est une extension de mes rêves. 

Elle vit à New York, travaille dans le design, ne se déplace qu’en taxi.

Post écrit en écoutant Patrick Juvet, vous savez cet album qui rassemble La Musica, Faut pas rêver (ré-écouter les paroles avec attention), Sonia, Où sont les femmes …..

La vérité est que depuis je chante en boucle non stop La Musica, Le Doux craque. Un moyen de tester sa résistance … .

Happy Quinqua, c'est moi !

5 Comments

  • Gérald Veuillet

    La nouvelle génération est en train de nous ré-apprendre la vie tout simplement. Dans la rue, elle nous rappelle nos erreurs. Dans les faits, comme vous l’exprimez dans votre post ci-dessus, elle nous donne des pistes pour retrouver un équilibre entre vie et boulot. A mon humble avis, cette génération a totalement raison …

    • M.

      Vous avez bien raison, c’est à nous de nous reprogrammer, en ce qui me concerne c’est en cours, j’y travaille, mais ce n’est pas gagné. Merci pour votre commentaire et votre fidélité.

  • Véronique Le Mouël

    Deux enfants, deux comportements différents, trois enfants, trois comportements différents ! Il y celle ou celui qui nous ressemble, celle ou celui qui fait le contraire, celle ou celui qui prend une troisième voie, etc. Alors 6 ou 7 enfants, je ne sais pas !
    Ravie d’avoir des nouvelles de tes enfants, avec ta plume fine et pleine d’humour ! Véronique

  • Sylvie

    C’est très surprenant de constater que nos enfants suivent un autre chemin que le nôtre. Et en même temps, se dire qu’ils font leur propre choix me fait plaisir. Ils ont coupé le lien de dépendance et deviennent eux même. C’est un peu ça l’éducation non ?
    Donner des outils et puis laisser s’envoler …

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