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Vous souvenez-vous de votre premier entretien d’embauche ?

Quand nous avions vingt cinq ans, au coeur des trente glorieuses, les entretiens d’embauche se passaient sans CV, les doigts dans le nez. Pour peu que vous étiez un peu diplômée, un peu jolie, et c’était d’abord à l’autre, l’employeur, de vous séduire, tant vous lui offriez le privilège de considérer le travail proposé. Le champ des possibles était vaste, les propositions de travail pleuvaient.

Vu de ma fenêtre, la publicité était ce qui, dans le monde professionnel, me paraissait le plus sexy.

Il y avait dans ce secteur de l’argent, du travail et des gens rigolos. Jacques Séguela était une star et tous s’accordaient à dire que sa force tranquille frisait le génie.

Je me souviens qu’à un salon du livre je lui avais tendu son ouvrage «Hollywood lave plus blanc » pour qu’il me le dédicace et, pensant créer une attention particulière (car je le savais catalan et surtout je cherchais du travail) j’avais ajouté timidement  « Je suis de Collioure ». Méga Flop !

Son attitude genre « rien à foutre » m’a poussée par la suite à me méfier de cette fierté provinciale qu’il n’est pas nécessaire de brandir en tirant par la manche ceux qui se sont échappés de leur bled.

Une amie m’avait confiée que son patron recrutait des chefs de publicité pour aller vendre l’espace des magazines de sa régie. Il se disait que cet homme, au charisme viril et mystérieux, accordait  facilement son crédit au genre féminin peu farouche.

L’entretien a duré trente minutes au cours desquelles nous avons fumé plusieurs cigarettes, bu un café et échangé des considérations sur la vie, les loisirs, les lectures. Le lendemain un coursier me déposait un contrat de travail de deux pages vaguement agrafées. La semaine suivante je commençais, et en arrivant, le premier jour il y avait déjà sur mon bureau des cartes de visites à mon nom.

Autant dire que les techniques de recrutement se sont modifiées avec le temps.

Même si c’est hors sujet, je dois avouer que j’aurais adoré que ce patron charmeur me remarque davantage, qu’il me sollicite pour n’importe quoi, qu’il fasse semblant de me draguer un peu, comme ça par politesse comme ça se faisait à l’époque, qu’il me propose un déjeuner pour « parler », qu’il me frôle l’épaule sans penser à mal comme on le dit en province, qu’il fasse une allusion sur mon physique, franchement avec tout le mal que je me donnais pour être séduisante. Mais non. Il ne m’a jamais regardée autrement que comme une salariée lambda. Bon il était marié, et alors ?

#etmoialors

Et puis il y a deux semaines, j’ai reçu un mail d’une collègue de l’époque annonçant le décès de cet ex-boss avec les détails sur la cérémonie qui allait se tenir le lendemain. J’ai été vraiment triste car cet homme était un seigneur.

J’ai hésité, et puis j’y suis allée. 

Voir les gens trente cinq ans plus tard dans ces conditions était-il un plaisir ou une épreuve ?

« Tu n’as pas changé (rires) » « toi non plus (rires) »

Je crois bien que le plaisir est sorti vainqueur de l’impression d’ensemble

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Post écrit en écoutant Jil Caplan que j’ai eu le bonheur de voir en concert la semaine dernière. J’ai eu des frissons à plusieurs reprises. Notamment là. Elle est formidable et le charme qu’elle dégage est resté collé à moi pendant trois jours je crois avec ses petites musiques installées dans ma tête l’air de rien pour mon plus grand bonheur.

Et puis encore et toujours Les Jeunes Femmes de 50 ans dont j’assure la promo le week-end qui vient (8,9 et 10 Juin) au salon du livre de Vannes. Si vous ne pouvez venir vous avez toujours la possibilité de ….

Happy Quinqua, c'est moi !

7 Comments

  • jai50ansetapres

    Mes enretiens d’embauche quand j’avais 20 ans ? une torture, j’étais super timide, j’étais stressée, je ne disais que des conneries, bref la cata. Par contre mes meilleurs jobs je les ai obtenu en intérim, j’arrivais, je bossais, on discutait, ils étaient contents, et on signait le contrat. En effet il y avait cet effet « drague », mais jamais plus loin. Le respect.

  • nanounette

    A 2O ans? les entretiens étaient plus facile, pas de mise en situation pou convaincre. Pas de cabinet de recrutement qui t’accueillait en mode « je ne souris pas je fais comme Victoria Beckam : je fais donc la gueule ». En revanche, je me souviendrai longtemps de l’entretien d’embauche à 45 ans : Cabinet de recrutement à Neuilly (c’est chic), accueil glacial, lecture rapide de mon CV (on s’en fiche de vos expériences professionnelles) mise en situation (on va tester votre résistance) et là…. je mouille ma chemise comme jamais . Je sors 45 mn plus tard (c’est vrai Neuilly c’est chic 🙂 ) et appelle une amie lui disant que j’avais eu un pitbull devant moi et que j’étais morte, foutu à 45 ans. Le poste je l’ai eu et depuis j’ai été mutée à …. Neuilly. A 54 ans, je fais passer des entretiens d’embauche (chacun son tour) mais je ne suis pas un pitbull, je mets à l’aise les candidats. J Seguela a du oublier d’où il venait.

  • matchingpoints

    Le contexte semble bien différent aujourd’hui ! Un patron ne peut plus se permettre de faire le moindre petit clin d’œil à la nouvelle – merci à Weinstein …

  • L

    Je parlais de votre première agence…moi j’ai commencé chez DDB, après un entretien de 10´. Ok j’arrivais des US, c’etait encore rare 😉

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